Quand assurance vie et data vont de pair

Depuis une dizaine d’années, l’univers de la technologie s’est considérablement développé et a changé tous les aspects de notre société. L’émergence des réseaux sociaux, puis l’accumulation de nouvelles connaissances à partir de la collecte des informations individuelles – le Big Data – ont bouleversé la manière dont on perçoit le monde et son évolution. C’est l’avènement d’une ère marquée par la prédictibilité des comportements et des évènements.

Dans cette nouvelle configuration où les nécessités et les risques peuvent être mieux anticipés, le secteur de l’assurance se trouve entièrement révolutionné. En particulier, les assureurs du milieu de la santé disposent aujourd’hui de nouveaux outils leur permettant d’améliorer le profilage des assurés et ainsi, de mieux adapter leurs offres d’assurance vie à leurs besoins spécifiques.

Le fonctionnement de l’assurance vie

Considéré comme étant l’une des solutions préférées des Français, l’assurance vie est un placement financier sur le long terme, sans risque et qui offre de nombreux avantages. Il s’agit en effet d’un contrat fondant la constitution d’une épargne dans un cadre fiscal privilégié, notamment en matière de succession, qui permet de faire fructifier son capital tout en poursuivant un objectif à long terme – par exemple : une retraite, un investissement immobilier, etc.

La personne qui souscrit un contrat d’assurance vie doit payer les frais d’opération et verser des primes à l’assureur, qui les investit afin d’obtenir des intérêts. En contrepartie, ce dernier s’engage à verser une rente ou un capital à une ou plusieurs personnes déterminées : les bénéficiaires, librement choisis. Le montant de cette rémunération est fonction de celui des primes versées et du taux fixé par la convention. Il dépend du risque qui pèse sur la vie de l’assuré, objet-même du contrat d’assurance.

Concrètement, un tel contrat a vocation à garantir le versement d’une certaine somme d’argent lorsque survient un événement lié à l’assuré : son décès ou sa survie à la fin du contrat. Dans le premier cas, le ou les bénéficiaires désignés par le souscripteur toucheront les sommes investies, augmentées des gains et diminuées des frais. Dans le second cas, le capital sera restitué au souscripteur. À noter que l’assurance vie se différencie de l’assurance décès en ce qu’il est possible, à tout moment pendant l’exécution du contrat, de récupérer tout ou une partie de la somme investie.

En outre, il existe une multitude d’offres d’assurance vie différentes car, si les contrats sont soumis à des règles communes, chacun d’eux est régi par des conditions générales spécifiques. Selon les établissements financiers, les assureurs ou même les assurés, les modalités de l’exécution du contrat vont diverger. D’autant plus que la sophistication des outils informatiques et des technologies numériques, notamment l’exploitation du Big Data, viennent accentuer cette tendance.

L’utilisation des données des assurés

Face aux changements sociétaux impliqués par cette évolution sans précédent de l’informatique, le monde de l’assurance a dû accoutumer ses pratiques en y intégrant ces nouveaux outils. Jusqu’alors, l’appréciation des risques pesant sur les futurs assurés se faisait par le biais d’un questionnaire fermé, clair et précis, rempli par leurs soins. Mais l’apparition du Big Data permet aux assureurs de dépasser ces déclarations générales en ayant la possibilité d’obtenir des informations bien plus précises.

Tout ceci entraîne une remise en cause du principe d’aléa en renforçant la fiabilité des analyses prédictives. Par le biais des objets connectés – téléphones, montres, bracelets, etc. – les assureurs peuvent désormais disposer d’informations précieuses quant à l’hygiène de vie de leurs clients : les heures de sommeil, le nombre de calories brûlées, le rythme cardiaque…

Celles-ci leur permettent de d’évaluer plus justement les risques qui pèsent sur les assurés, auxquels ils peuvent mieux adapter les taux et les tarifs des assurances vie. Ainsi, par exemple, une personne qui fait du sport régulièrement se verra proposer des offres plus intéressantes qu’une personne qui n’en fait jamais.

Au même titre que les assurances automobiles proposent aujourd’hui des offres dites Pay as you drive, adaptées au comportement des conducteurs, les assurances santé développent ainsi un principe de Pay as you live : des offres adaptées aux habitudes de vie de chacun. Mise au service des assureurs, l’exploitation des données des assurés s’avère donc être un excellent moyen d’individualiser davantage les offres d’assurance vie : elle leur permet d’analyser et d’anticiper les risques dans leur globalité afin d’émettre une tarification toujours plus précise.

Cette évolution, si elle est visiblement profitable au secteur, soulève toutefois de nombreuses questions quant à la loyauté concurrentielle par exemple, ou à la protection juridique des assurés et de leur vie privée. Mais plus encore, elle interroge le monde de l’assurance sur l’avenir de la mutualisation, qui constitue l’essence-même de cette activité. Plus qu’un simple renouveau pratique, il s’agirait alors d’un véritable changement en profondeur de celle-ci.