Vote électronique : quand la technologie se mêle aux votes

Réduction des coûts électoraux, commodité et rapidité, numérisation de la démocratie : le vote électronique revient régulièrement dans l’actualité. Alors que nous payons nos impôts en ligne, pourquoi continuer à voter avec des bulletins et des enveloppes ? Les apports technologiques sont réels, mais il ne faut pas perdre de vue certaines contraintes :

  • un processus électoral démocratique permet d’identifier un électeur tout en garantissant le secret de son vote ;
  • le résultat d’une élection doit être vérifiable.

Qu’est-ce qu’un vote électronique ?

Il existe essentiellement deux types de vote électronique :

  • le vote avec une machine à voter, boîtier ou terminal numérique, mis à disposition dans un bureau de vote ;
  • le vote en ligne distant.

Dans les deux cas, un logiciel recueille, centralise et comptabilise les votes. Le coût d’un système de vote électronique n’est pas à négliger :

  • des serveurs performants doivent être déployés pour gérer un grand nombre de connexions simultanées ;
  • un logiciel complexe doit être développé et maintenu ;
  • de nombreux terminaux de vote doivent parfois être achetés.

Opacité

Avec le vote électronique, le choix électoral est transformé sous une forme que l’électeur ne peut plus contrôler : un flux électronique traité par un programme. De surcroît, l’intégrité du traitement ne peut pas être garantie, car aucun logiciel n’est infaillible, ni absolument protégé contre les intrusions malveillantes.

Cette opacité se retrouve évidemment quand on vérifie un résultat électoral par la voie logicielle. Le vote électronique s’accompagne parfois d’une preuve papier : un ticket imprimé puis consigné dans une urne, pour permettre un recomptage non électronique en cas de doute.

Vote en ligne

Cette option a l’avantage de supprimer les déplacements. Il est relativement facile d’identifier la personne votante, mais il est plus compliqué de contrôler que c’est bien elle qui est devant l’écran au moment du vote, d’où certaines recommandations de recours à la biométrie. Un paradoxe se présente alors : plus on renforce l’identification de l’électeur distant, moins il est aisé de garantir le caractère secret de son vote.

Expériences concrètes

En Belgique, les machines à voter sont très répandues. Leur utilisation est souvent accompagnée d’une confirmation papier, ce qui limite l’intérêt du système électronique, notamment en termes de coût.

En Estonie, le vote en ligne est proposé à toutes les élections. Pour répondre à certaines critiques, les autorités ont publié en 2013 le code source de la solution logicielle utilisée.

Beaucoup de pays européens ont testé le vote électronique avant de l’abandonner : l’Allemagne a prononcé son arrêt définitif en 2009, les Pays-Bas en 2008, la Suisse en 2018. Parmi les raisons invoquées, on retrouve l’opacité, les failles de sécurité et le coût.

En France, le vote en ligne existe seulement pour les élections professionnelles et les expatriés. L’utilisation des boîtiers de vote est limitée par moratoire à quelques communes depuis 2007. Des solutions comme Kvote de la société https://qualigraf.fr/ permettent le vote sur terminal mobile d’élus en assemblée.

En résumé, l’adoption d’un système de vote électronique est possible, mais elle implique des concessions sur les possibilités de vérification, et n’apporte pas nécessairement d’avantage décisif en termes de coût. Le vote en ligne limite la garantie du secret. D’autre part, l’influence positive du vote électronique sur le taux de participation n’a jamais été démontrée.